(…) Un aspect vital sur lequel s’articule le Hatha Yoga, c’est la maîtrise de la respiration. Nous pouvons nous passer de nourriture ou d’eau pendant un laps de temps dont la longueur a de quoi nous surprendre, mais si nous venons à manquer d’air pendant quelques instants, nous mourons.  Sachant cela, il est surprenant de constater à quel point on prête peu d’attention à l’acte respiratoire tel qu’il devrait être exécuté. Les professeurs d’éducation physique semblent ne pas tenir compte du fait qu’une bonne respiration est la condition préalable d’une bonne santé et les médecins semblent ignorer délibérément sa valeur préventive. Cependant, je remarque que dans certains domaines, on commence tout de même à reconnaître son importance. Lorsque les difficultés respiratoires atteignent un certain degré (crises d’asthme, bronchites, emphysèmes), on enseigne aux malades à respirer correctement. Il faut citer aussi tous les défenseurs de l’accouchement sans douleur, qui enseignent aux femmes enceintes la technique respiratoire du yoga, afin de parvenir à la décontraction totale des muscles pelviens et à la maîtrise du système nerveux, pendant toute la durée de la période de travail et de l’accouchement. Certains psychiatres apprennent à leurs malades à bien respirer, pour les amener au calme et à la détente. Il semble malheureusement qu’en dehors de ces cas particuliers, il n’ait guère que les chanteurs d’opéra et les comédiens formés à l’école de Stanislavski qui aient le privilège d’apprendre comment respirer. On nous recommande sans arrêt d’aller à la campagne pour prendre un bon bol d’air. Mais une fois que nous y sommes, nous restons en plan, parce qu’il ne s’est jamais trouvé personne pour nous dire ce qu’il fallait faire de ce bol d’air et où le mettre. N’est-il pas surprenant que nous ayons besoin d’apprendre quelque chose d’aussi naturel que la respiration ? A vrai dire, il est plus que probable que nous n’aurions jamais fait une chose aussi naturelle que marcher sur nos deux jambes, si on ne nous avait pas appris à le faire. L’enfant qui serait élevé par un quadrupède ne se tiendrait sans doute jamais debout et marcherait à quatre pattes. De même qu’un enfant qui serait élevé dans une société muette n’apprendrait jamais à parler. Certaines fonctions sont innées chez l’homme, d’autres doivent être acquises. C’est le cas de la respiration, si l’on veut qu’elle soit correcte. Le yoga nous apprend à respirer lentement et profondément, en utilisant toute la capacité de nos poumons; il nous oblige à respirer par le nez afin de filtrer et purifier l’air que nous inspirons. Evidemment, plus nous respirons profondément, plus nous emmagasinons d’air et plus notre corps reçoit d’oxygène. Plus la quantité d’oxygène parvenant au cœur est grande, meilleur est son fonctionnement ainsi que celui de tout le système cardio-vasculaire. Si nous respirons plus profondément, nous sommes obligés de respirer plus lentement, ce qui fait décroître la tension nerveuse et conduit à une plus grande sérénité. Ce sont des facteurs qui ne sont pas à négliger à une époque où les maladies de cœur préoccupent un nombre toujours croissant de gens. En outre, le sang se trouve purifié, ce qui a pour effet de donner une peau en bon état et un teint lumineux. La respiration profonde que nous enseigne le yoga, assure aussi un acheminement plus important d’oxygène vers le cerveau, ce qui augmente la vivacité et la clarté de I’esprit. Dans une société dont l’un des plus grands fléaux est le nombre de troubles respiratoires mineurs, ainsi qu’en témoigne la quantité énorme de produits promettant de les guérir, la méthode respiratoire du yoga permet aux gens de se trouver en possession d’un appareil respiratoire en parfait état. En remplissant nos poumons d’oxygène, au maximum de leur capacité, nous permettons un nettoyage profond des parois pulmonaires; détail qui a son importance, en ces jours où les experts nous font savoir que la proportion de fumeurs n’a jamais été aussi grande, et que la pollution de l’air a maintenant atteint un seuil dangereux (…).